Malgré son âge canonique - 27 ans - le minitel n'a pas dit son dernier mot: France Télécom et PagesJaunes, qui voulaient arrêter son service le plus populaire, l'annuaire 3611, ont dû changer leur fusil d'épaule devant les protestations de ses utilisateurs, encore nombreux.
Le premier, éditeur du 3611, et le deuxième, qui en assure la régie publicitaire, avaient annoncé en juillet la fin, pour mars 2009, de cet annuaire électronique créé en 1985, se justifiant par une chute de l'audience de plus de 50% par an. Ils ont décidé mercredi d'annuler cet arrêt programmé.
Lesutilisateurs sont plus nombreux qu'on ne le pense. Avec encore 10 millions de connexions par mois, l'activité a généré un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros en 2007.
Né en 1982, le minitel, prouesse technologique à son époque, représentait à la fin des années 1990 un milliard d'euros de revenus, 20.000 services actifs et six millions de terminaux dédiés, petits cubes austères qui s'ouvraient pour laisser apparaître un écran et un clavier.
On compte aujourd'hui 1,5 million de terminaux dédiés et 1,8 million d'applications minitel sur ordinateur, tandis que France Télécom en récupère quelques centaines de milliers par an pour destruction. Trois modèles sont commercialisés mais leurs prix peuvent sembler dissuasifs, de 136 à 419 euros.
Le minitel compte encore quelque 4.000 éditeurs de services. Annuaire du 3611 mis à part (25% du trafic), 40% des usages y sont professionnels, notamment le réseau des débitants de tabac Altadis qui l'utilise pour se réapprovisionner, les fleuristes d'Interflora pour communiquer entre eux.
Un quart des usages est lié à des services pratiques (PMU, météo, argus...), un autre quart à la banque-finance et 10% à des services ludiques, comme l'astrologie.
Certes, beaucoup d'entreprises ont quitté le navire: plus possible d'acheter son billet Air France ou SNCF sur minitel ou de consulter les résultats du baccalauréat. La vente à distance a déserté le terrain avec seulement 1% des commandes par ce canal. Mais les grandes banques y proposent toujours la consultation des comptes.
Le 3611 étant maintenu, le minitel paraît donc sauvé et France Télécom, qui a reporté plusieurs fois la date à laquelle il pronostiquait son déclin, prévoit désormais de "l'amener au moins jusqu'en 2011".